Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires

Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires
Carnets de Chine 8. Shanghai et Tongli, des jardins extraordinaires

Shanghaï. Le seul nom de cette ville nous faisait fantasmer. On pensait à des films de Wong Kar Wai, à des amours passionnées entre fumeries d'opium, batailles à la Tigres et dragons, bordels des années 50 et bols de nouilles fumantes... Raté! Dès notre arrivée, la déception fut grande. Non, Shanghai n'a rien d'exotique, de romantique, de dépaysant. De prime abord, ce ne sont que buildings d'une laideur effrayante. Est-ce la météo, grise, moite, la pluie, ce ciel de métal obstruant tout et le brouillard qui s'y est mis en prime ? La situation de notre hôtel près de la gare, moche, impersonnel, ses salles de petit déjeuner façon cantine ou restoroute, à faire peur ? Son personnel désagréable? Notre guide, proche de l'autisme et semblant totalement inexpérimenté? (On lui aurait donné 14 ans grand max) Le chauffeur, qui ne nous a jamais décroché un regard ? Bref, la première impression fut une douche froide. La visite de la ville historique ne nous a pas plus charmées, le jardin Yu, dit de la Sérénité étant rempli d'une foule compacte et caquetante. Pour la sérénité, on repassera! ... 

C'est le deuxième jour en s'éloignant de Shanghai que la magie opère enfin. Nous allons à Tongli, une petite bourgade lacustre façon Venise chinoise et là, c'est la révélation. Malgré la pluie persistante et un ciel  bouché, dès que nous pénétrons dans les ruelles, nous sentons que nous arrivons dans un lieu à part, authentique. Il faut emprunter un corridor étroit et tortueux, le plus long de la ville pour déboucher après plusieurs minutes sur la rivière, d'un vert trouble qu'enjambent des petits ponts. Le canal est bordé de cafés et restaurants où l'on peut prendre le thé ou manger en regardant passer les jonques. Le lieu est bourrée de charme, même si, au détour d'un pont, nous tombons sur une scène qui nous rappelle que les Chinois pratiquaient autrefois la pêche au cormoran, une pêche barbare car l'oiseau a la gorge comprimée dans un collier pour l'empêcher d'avaler le poisson qu'il ramène dans son bec.... Il parait qu'aujourd'hui, c'est interdit, OK... 

Au détour d'une ruelle; nous pénétrons dans une maison ancienne qui cache en son sein le plus beau des jardins. Là encore, malgré la pluie, nous tombons sous le charme. D'ailleurs notre guide nous fait remarquer qu'en Chine, la pluie est une forme de poésie. Il nous raconte que l'on fait pousser des bananiers pas seulement pour ses fruits mais pour le bruit que font les gouttes sur les énormes feuilles. Sa vision des choses commence à nous faire changer d'avis sur lui... Dans le jardin, nous sommes émerveillées par la créativité des Chinois, leur imagination pour créer des ouvertures aux formes variées copiant la nature: des portes en pleine lune, en vase, en calebasse, etc... A chaque nouvelle fenêtre, nous nous enthousiasmons. On dégaine le portable toutes les deux secondes pour immortaliser une mare pleine de carpes koi rouges qui nagent en files indiennes, un arbre perché sur des rocailles, une salle à manger recréée comme à l'époque des Ming, des murs surmontés de dragons etc... 

Le midi, notre guide nous surprend à nouveau en nous emmenant dans un minuscule restaurant fréquenté par de jeunes Chinois où nous nous régalons des meilleurs raviolis jamais goutés! Ça nous change vraiment des repas proposés lors de notre séjour, souvent dans des hôtels sans âme avec toujours les mêmes plats insipides proposés à des hordes de touristes avalant tout à la va-vite et à la chaine comme des moutons. Ici, pour la première fois, nous faisons un vrai repas, en compagnie de notre guide et nous choisissons nous-mêmes nos plats, sur ses conseils. Nous en profitons pour discuter avec lui et nous changeons complètement d'avis sur lui. Il s'avère qu'il a 30 ans, c'est incroyable comme il fait jeune, et qu'il est guide depuis seulement un an. Certes il manque d'expérience mais il est surtout très timide et nous avoue qu'il est toujours célibataire et peine à trouver chaussure à son pied parce que les jeunes Chinoises ne sont intéressées que par des hommes fortunés.  Pourtant, en l'interrogeant sur lui-même, on découvre un jeune homme curieux de tout, cultivé, et avide d'en découvrir plus sur la culture française et sur notre langue. Contrairement à certains guides qui recrachent un discours après par coeur et n'ont qu'une hâte, se débarrasser de leurs touristes le plus vite possible, il prend son temps et nous pose beaucoup de questions. On se met vraiment à l'apprécier et puis, il faut l'avouer, il a su nous toucher au coeur en flattant notre estomac! Pour nous, la nourriture est essentielle pour découvrir un pays et on commençait à croire qu'on mangeait très mal en Chine. En fait, il n'en est rien, ce sont les voyagistes qui pensent connaitre le palais des touristes et leur soumettent une nourriture infâme, aseptisée. A chaque fois que nous avons eu l'occasion de choisir nous même les lieux pour nous restaurer, un peu au hasard et souvent dans des bouibouis, une nourriture simple, nous avons bien mangé. Pour tous les Chinois qui ont plus de 50 ans et ont connu les privations et les rationnements du temps de Mao, se nourrir est juste une fonction vitale, pas un plaisir. Notre guide de Xi'an nous avait d'ailleurs raconté que la formule de politesse utilisée pour dire "bonjour" signifiait en fait "as-tu mangé?". Pas "as-tu bien mangé?" mais juste "as-tu mangé?" Pour notre guide de Shanghaï, plus jeune, c'est totalement différent, la notion de plaisir entre en ligne de compte et il nous raconte qu'il aime découvrir de nouveaux lieux de restauration qu'il teste lui-même avant d'y emmener les touristes. Il est par ailleurs intéressé par tous ce qui vient de l'Occident, porte des fringues modernes, des baskets différentes chaque jour, connait toutes les marques européennes, etc. On lui a d'ailleurs demandé de nous emmener dans un magasin H&M et il a tout de suite su où aller. A la fin du premier jour, on se fait déposer dans le centre le plus chic de Shanghai, les Champs Elysées de la ville, sur Nanjing Road, c'est hyper animé malgré la pluie et les Chinois viennent là en famille, il ya même un petit train qui fait des aller retour. Là, on trouve toutes les enseignes possibles, de l'immense Apple, aux marques de fringues, Gap, H&M, Uniqlo, ou les marques plus chic. On fait même un petit tour dans un grand magasin M&Ms sur deux étages, le temple du fun avec un mur de distributeurs à M&M ! On fait aussi une pause dans un Starbucks car en Chine, il y en a dans toutes les villes, beaucoup plus qu'à Paris et c'est trop fois moins cher que chez nous. Plutôt que le café, les Starbucks proposent une gamme impressionnante de thés à toutes les saveurs, et leurs pâtisseries sont bien meilleures que chez nous! Bizarre que la Chine qui se méfie tellement de tout ce qui vient des Etats Unis aient autant de Starbucks, de Macdonalds, de FKC etc. C'est le grand paradoxe chinois ...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog