Le César du Meilleur Film d'Animation sort en DVD

Il est rare qu'un film d'animation vous serre le coeur et vous tire les larmes. Rare que les dessins et la 3D vous chamboulent à ce point. Rare qu'on ait envie de suivre les personnages à la fin du voyage... "J'ai perdu mon corps" est un petit miracle de sensibilité, de poésie et d'émotion. Une parenthèse enchantée qui vous poursuit longtemps après le mot "fin". Un magnifique exemple du savoir faire français en matière d'animation.

Tout commence par l'image d'un homme qui chute. Du sang qui éclabousse, un main coupée... On retrouve cette dernière dans le frigo d'un hôpital entre différents organes, des yeux , des pipettes de sang. Elle s'anime, ouvre la porte de sa prison, déchire le plastique qui l'enveloppe et galope sur ses doigts. Comme un personnage à part entière, cette main va nous entrainer dans un grand voyage. Elle va courir sur les toits, se perdre dans le métro, y affronter des rats, et surtout, se souvenir de son passé.

Cette main ornée d'un grain de beauté, c'est celle de Naoufel. Petite et potelée, cette main, cherchait à attraper les mouches, faisait couler le sable entre ses doigts à la plage, tentait d'encercler le soleil. Cette main aurait voulu être pianiste. Et cosmonaute aussi. Flashback sur des images en noir et blanc d'un bonheur passé, une enfance au Maroc, auprès de parents aimants et bienveillants. Jusqu'au drame. Naoufel perd les siens et se retrouve envoyé dans un foyer en France, à Paris. Dans une ville grise à laquelle il n'arrive pas à s'acclimater. On le retrouve adulte aujourd'hui, alors qu'il livre des pizzas sur sa mobylette... Comment s'est-il coupé la main, que lui est-il arrivé ? C'est le fil rouge du film et en même temps, c 'est accessoire. Cette main qui se balade dans la ville, c'est la quête de l'innocence perdue, la nostalgie de l'enfance, le deuil inconsolable. C'est cette part de nous même qu'on doit tous abandonner pour devenir adulte. Tantôt onirique, tantôt réaliste, le film est aussi une très jolie histoire d'amour puisque Naoufel va rencontrer Gabrielle, jeune fille aussi solitaire et singulière que lui.

On est tour à tour éblouis par les trouvailles scénaristiques de ce merveilleux long métrage librement adapté d'un roman de Guillaume Laurant, "Happy Hand", et séduits par les personnages de l'histoire, formidablement attachants. Rarement des héros dessinés ont possédé autant d'humanité, de sensibilité. Visuellement magnifique, "J'ai perdu mon corps" est également envoutant pour sa musique signé Dan Lévy, le musicien du groupe The Do. Il a d'ailleurs été récompensé par le César de la Meilleure Musique Originale tandis que Jérémy Clapin décrochait celui du Meilleur Film d'animation et le grand Prix de la Semaine de la critique à Cannes en 2019. On n'avait pas été émus comme ça depuis "La tortue rouge". Jérémy Clapin est un talent à suivre absolument ! 

DVD "J'ai perdu mon corps" de Jérémy Clapin, 14,99€

Avec les voix d'Hakim Faris, Victoire Du Bois