Adieu Bertrand Tavernier !
-
La vie et rien d'autre. Le titre d'un de ses plus beaux films, comme un message d'adieu à tous ceux qui l'ont aimé. Chérir la vie et rien d'autre.
Bertrand Tavernier était un des plus grands cinéastes français, représentant, avec Chabrol, Truffaut ou Sautet, de l'âge d'or du cinéma hexagonal. On a grandi avec ses films, reflets de la vie des Français et de l'histoire de notre pays. En une vingtaine de films, il aura marqué la septième art et plongé dans l'âme humaine, créant des personnages inoubliables, de l'horloger de Saint Paul au flic de "Coup de torchon" en passant par le vieux monsieur de "Un dimanche à la campagne" ou le commandant de" La vie et rien d'autre", chargé de recenser les soldats disparus... Retracer sa filmo, c'est contempler le who's who du cinéma, les plus grands talents de cet art aujourd'hui à l'arrêt : Jean-Pierre Marielle, Michel Galabru, Michel Piccoli, Romy Schneider, Isabelle Huppert, Sabine Azéma, Nathalie Baye, Isabelle Carré. Tavernier avait l'amour des acteurs, d'ailleurs les photos de lui en leur compagnie sont nombreuses, on le voyait toujours à leurs côtés, soutien bienveillant et attentionné, et il n'est pas étonnant qu'ils lui aient été fidèles, revenant souvent tourner avec lui. Noiret fut à ce titre son comédien fétiche puisqu'ils se retrouvèrent par cinq fois, pour "L'horloger de Saint Paul", "Que la fête commence", "Coup de torchon", "Le juge et l'assassin", "La vie et rien d'autre". Tavernier aimait tellement les acteurs qu'il nous permit souvent de découvrir des facettes de leur personnalité qu'on n'aurait pas soupçonné, comme lorsqu'il confie à Galabru le rôle de Joseph Bouvier dans "Le juge et l'assassin". L'acteur y sera génial, à mille lieues de ces personnages de crétins que le cinéma lui faisait jouer dans "Le gendarme de Saint Tropez"ou ailleurs.
Né le 25 avril 1941 à Lyon, Tavernier découvre le cinéma dans des conditions dramatiques puisque c'est lors d'un séjour au sanatorium, il a alors trois ans et ses parents ont quitté Lyon pour Paris. Atteint de tuberculose, il est soigné dans un établissement où on passe des films aux patients. Après son bac, ce passionné de cinéma va fonder une revue et créer le cinéclub Nickel Odéon. Plus tard, il écrit des critiques pour Télérama ou Les Cahiers du Cinéma dans lesquels il exprime son amour du cinéma américain. Puis, il devient attaché de presse de films, notamment pour Jean-Luc Godard ou Stanley Kubrick et enfin, assistant de Jean-Pierre Melville, notamment pour "Léon Morin, prêtre". Dès son deuxième long métrage, "Que la fête commence", il obtient le César du meilleur réalisateur.
Son fils, Nils Tavernier, est devenu lui aussi réalisateur, sa fille, Tiffany Tavernier est romancière. Sa femme Colo, une scénariste britannique, était décédée en juin dernier.